Madère, le jardin de l’Atlantique…

Coincé entre le littoral Marocain à l’Est, les îles Canaries au Sud et les Acores à l’Ouest, l’archipel de Madère est une région autonome portugaise en plein Océan Atlantique, située à quasiment 1 000 kilomètres de Lisbonne.

Caractérisée par un climat océanique subtropical, la végétation y est luxuriante et les températures clémentes toute l’année. D’origine volcanique, l’île présente un relief particulièrement découpé.

Découverte par les Carthaginois et les Vikings, ce sera finalement les Portugais qui la coloniseront voilà plus de 600 ans. L’île, avec ses terres fertiles et son eau en abondance se révélera être une escale de choix sur les routes commerciales maritimes vers l’Afrique et l’Amérique. 

A leur arrivée, les colons du Nord du Portugal durent brûler les denses forêts sur la côte sud de l’île pour y développer les plantations. Ils amenèrent avec eux leur culture mais également leurs vignes pour produire le célèbre Vin liquoreux de Madère. Des expériences concluantes furent également rapidement entreprises pour cultiver la canne à sucre tant convoitée à l’époque.

Aujourd’hui, lorsqu’on évoque Madère, on l’associe au vin de Madère évidemment, à Cristiano Ronaldo, le célèbre et talentueux joueur de football fier de ses origines insulaires, mais également au tourisme. En effet, dotée de somptueux jardins, de spectaculaires sentiers de randonnées et d’une gastronomie qui lui est propre, l’île dispose de nombreux atouts à ce titre !

Cap sur Madère, l’île jardin au cœur de l’Atlantique !

Madère

Funchal

Arrivée par avion, on se demande encore comment les pilotes parviennent à atterrir sur cette courte piste faisant face à des vents violents et pour partie construite sur l’emprise de l’Océan ! L’aéroport de Madère fait effectivement partie des dix plus dangereux du Monde

Ouf, nous voilà à Funchal, ville principale de l’île qui totalise près de 100 000 âmes. Funchal, vient du mot funcho en portugais qui désigne le fenouil. En effet, lors de l’arrivée des colons au XVème siècle, du fenouil sauvage poussait en abondance à l’emplacement de la ville actuelle.

Après avoir gagné notre élégante chambre d’hôte, nous n’avons qu’une envie, flâner dans ses rues pour nous imprégner de son ambiance si particulière. On est littéralement impressionnés par le relief escarpé et les innombrables maisons accrochées sur ses coteaux abrupts.

Pour commencer, rien de mieux qu’un tour au Mercado dos Lavradores – marché couvert principal de l’île – qui s’avère particulièrement coloré. On pénètre d’abord dans le Marché aux poissons. On y trouve notamment le très prisé Sabre noir, poisson local tout en longueur à la tête tout droit sortie d’un film d’horreur. Il est cuisiné de multiples façons mais on le trouve souvent cuisiné avec des maracujas (fruits de la passion), des bananes de Madère et des patates douces. Puis, nous découvrons les fruits et légumes et plusieurs stands aux couleurs éclatantes attirent notre attention. La majorité de ces derniers sont des fruits hybrides et sont importés mais ça attise quand même notre curiosité. On apprendra par exemple que l’un d’entre eux est un croisement entre un fruit de la passion et une tomate…

On se dirige tranquillement vers le bord de l’Océan pour prendre un pot. Sur notre chemin, on découvre plusieurs jardins publics parfaitement entretenus et le magnifique Palais de Sao Lourenco. On s’installe et on déguste notre poncha, cocktail traditionnel local à base de rhum, de citron, orange et fruits de la passion. Avec ces fruits exotiques, cette végétation luxuriante et ces maisons à flancs de montagne, on se croirait presque quelque part aux Caraïbes ou en Amérique Centrale…

Jardim botanico de Funchal

On grimpe dans le télécabine pour rejoindre les hauteurs de la ville et partir à l’assaut de deux fameux jardins exotiques de Funchal. La vue sur la baie et les quartiers résidentiels typiques est grandiose. On commence par gagner l’entrée du Jardim botanico, le jardin botanique de la ville. Aménagé sur plusieurs niveaux, il  réunit les principaux spécimens de la flore madérienne et bien plus avec ses 2 000 plantes exotiques. La partie consacrée aux cactus et le parterre à la française aux formes géométriques multicolores sont un régal pour les yeux, sans parler du panorama depuis la grotte des amoureux !

Jardim tropical de Monte Palace

On enchaîne avec le plus spectaculaire des jardins de l’île. Il s’agit du célèbre jardin tropical de Monte Palace. Déployé sur 7 hectares, il rassemble 10 000 espèces issues des cinq continents. On a l’impression par endroit d’être en pleine jungle. Le jardin japonisant est tout à fait insolite en ce lieu mais apporte beaucoup de cachet au site !

Au milieu du jardin trône le majestueux Quinta Monte Palace, édifié au début du XXème siècle par un riche négociant qui s’est inspiré des châteaux du bord du Rhin qu’il découvrit lors d’un voyage en Allemagne. Il servait d’hôtel jusqu’en 1940. Le petit étang doté d’une cascade artificielle à l’arrière de cette demeure cossue est particulièrement agréable et nous apporte un peu de fraîcheur après toutes ces pérégrinations.

Camara de Lobos

On quitte Funchal pour le petit port de pêche de Camara de Lobos, situé à une dizaine de kilomètre de là. Lové entre mer et montagne, le site est plein de charme. Les traditionnels filets de morues sèchent au soleil sur les embarcations à quai. La petite ville est dotée d’une promenade en front de mer particulièrement agréable offrant un point de vue de choix sur le monumental Cap Girao, notre prochaine étape !

Cabo Girao

On reprend notre petite voiture qui crie en affrontant les routes en lacets qui n’en finissent plus. Le Cabo Girao se mérite. Il s’agit du plus haut Cap d’Europe avec ses 580 mètres d’altitude ! Sensation garantie sur le skywalk, promontoire en verre qui offre une vue imprenable sur Camara de Lobos, Funchal et surtout les presque 600 mètres de vide sous nos pieds ! Personnes sujettes au vertige, passez votre chemin…

Curral das feiras

C’est parti pour une nouvelle ascension en direction de Curral das feiras, littéralement la Vallée des Nonnes. Les routes sont en extrêmement bon état, et il s’agit là de véritables prouesses techniques au vu du relief accidenté. Les tunnels se succèdent et on arrive à destination. Notre prochain hôtel doté d’un petit spa est situé là, à proximité du promontoire de l’eira do Serrado, à plus de 1 000 mètres d’altitude.

Le belvédère offre probablement l’une des vues les plus spectaculaires qu’il m’ait été donné de voir. C’est grandiose ! Le village de Curral das feiras, ceinturé par les montagnes du Massif Central de Madère, semble sorti tout droit d’un film fantastique.

Particulièrement enclavée, la vallée est appelée ainsi car les nonnes du couvent Funchal s’y sont réfugiées et établies suite à l’attaque de corsaires français au XVIème siècle.

Pico do Arieiro et Pico Ruivo : le toit de Madère

Madère c’est un véritable paradis pour les randonneurs et on compte bien tenter l’expérience ! Après avoir étudié de près les possibilités, on choisit sans trop de difficultés la plus alpine des balades. On s’embarque pour une randonnée physique reliant les plus hauts pics de l’île : la liaison Pico Arieiro – Pico Ruivo. On arrive tôt car on sait que les nuages risquent de s’inviter et les points de vues risquent d’être totalement bouchés. On se sent seuls au monde car arrivés parmi les premiers courageux. Il est 7h30 et il fait encore bien frais mais le soleil est au beau fixe, même si nous savons que les conditions météo sont extrêmement changeantes ici. Il souffle un puissant vent frais qui nous rappelle que nous sommes sur le toit de Madère à plus de 1800 mètres d’altitude !

Le sentier entièrement sécurisé et pavé est un must de l’île. Les paysages sont époustouflants et si Curral das feiras m’avait impressionné, là c’est encore un cran au-dessus. Aménagé sur des sentiers muletiers il y a une cinquantaine d’année, la randonnée est assez éprouvante mais on s’est préparé. Elle présente un dénivelé de 1300 mètres à la montée et autant à la descente, et ne s’adresse donc pas à tout le monde. Bienvenue dans un décor préhistorique formé de tours rocheuses, de crêtes et de vallées abruptes verdoyantes. 

Waowwww !!!

Ribeiro frio

On quitte le Massif Central  pour rejoindre le Nord de l’île plus sauvage, et on passe par la réserve du Ribeiro Frio réputée pour son élevage de truites. Les températures sont rapidement plus fraîches dans les vallons encaissés protégés par la végétation. Ça et là, des miradouros – belvédère – offrent des points de vues uniques sur les paysages déchiquetés de l’île. On reconnait les fameux poios, cultures en terrasse locales qui m’obsèdent par leur beauté pendant ce voyage, apportant une touche asiatique à la campagne madérienne.

Santana

Prochaine destination, le village de Santana où nous découvrons les magnifiques maisons typiques aux toits de chaume de la commune. Dotées d’un grenier, d’un rez-de-chaussée et parfois d’une cave, elles sont de taille bien modeste. On se croirait dans le village d’Astérix le Gaulois…

Non loin du village sur la route de Boa Ventura, on s’arrête à l’un des plus incroyables belvédères de l’île : le miradouro da Beira da Quinta offrant une vue plongeante sur la baie de Sao Jorge.

Caldeirao Verde

Mais Santana est surtout un point de départ idéal pour notre deuxième grosse randonnée du séjour : le combiné Caldeirao Verde et Caldeirao do Inferno ! Tout un programme.

Le premier mot portugais que les randonneurs assimileront sur l’île est sans nul doute « levada ». Il s’agit en fait d’étroits canaux d’irrigation construits depuis le XVIème siècle par les habitants entre le Nord-Ouest de l’île, particulièrement arrosée, et le Sud-Est, plus sec, et qui concentre les besoins de la population et des plantations de bananes, de vignes et de canne à sucre. Cet ingénieux réseau de plus de 2 000 kilomètres et les chemins d’entretien qui les longent offrent ainsi des possibilités infinies ou presque. 

La randonnée de la Caldeirao Verde compte parmi les plus extraordinaires, mais également fréquentées de l’île. Il s’agit donc de partir tôt pour parcourir la spectaculaire levada taillée directement dans la paroi rocheuse. Cette randonnée plutôt sécurisée d’environ 7 kilomètres aller ne présente pas de dénivelé particulier. Ceci étant, le sentier est par endroit assez mince et le vide qui s’offre à vous peut-être phénoménal. La laurisylve, forêt primaire de lauriers sauvages ne vous quittera pas tout au long de la randonnée. Elle lui confère un caractère exubérant et tropical indéniable. On se croirait dans le film « A la poursuite du diamant vert »… Le clou du spectacle est sans conteste la magnifique cascade de 50 mètres de haut bordée d’hortensias. Comme un air de paradis !

Caldeirao do Inferno

La deuxième partie de la randonnée, la Caldeirao do Inferno est plus sauvage et plus physique que la première. Les quelques 3 kilomètres aller qui la constitue comportent des cascades, tunnels, canyons et finissent en beauté sur un imposant cirque, le Cirque Infernal… Les levadas ont tenu leurs promesses !

Porto da Cruz

Avant de partir vers Porto Moniz et ses incontournables piscines naturelles, on fait un petit saut à Porto da Cruz. Les montagnes entourant la localité forment un amphithéâtre sur la mer et présente une falaise de plus de 590 mètres de haut.

On profite d’une de ses plages de sable noir et de sa piscine naturelle à l’eau de mer. Pour clôturer la journée, on flâne à la fête villageoise qui bat son plein et on déguste une espetadabrochette de bœuf façon madérienne tendre et succulente à souhait !

Hummmm…..

Sao Vicente

On poursuit notre route vers Porto Moniz et on fait une halte bien méritée à Sao Vicente après cette belle randonnée. Le village est enserré dans une vallée profonde et agricole parsemée de poios (culture en terrasses) qui mène au centre de l’île vers le Col de l’Encumeada. Nous profitons de notre magnifique hôtel, le Solar da Bica, qui se révélera être notre coup de cœur du voyage. Doté d’élégantes chambres et d’un coquet spa, l’établissement ne propose que des produits locaux dont beaucoup proviennent de leur jardin pour composer un petit déjeuner des plus fastueux ! Ajouter à cela une vue sur les montagnes environnantes et un personnel au petit soin, nous sommes comme des coqs en pâte ! Avant de partir, on s’aventure dans le bourg qui présente une belle petite église blanche et des ruelles piétonnes sympathiques. 

Ribeira da Janela

Nouvel arrêt à Ribiera da Janela pour les superbes points de vue que la petite localité propose : Miradouro da Ribeira da Janela et Miradouro da Eira da Achada offrant une vue plongeante sur les poios et l’Océan. Toujours un pur régal visuel !

Le bord de mer, assez étroit, est assez particulier ici. En effet, quelques rochers basaltiques aux formes étranges, les Ilhéus da Ribeira da Janela trônent fièrement à quelques mètres de la plage de galets noirs, comme pour défier l’Océan Atlantique !

Porto Moniz

Nous voici enfin à Porto Moniz, autre spot incontournable de l’île pour ses fameuses piscines naturelles. Porto Moniz, anciennement largement tournée vers la pêche à la baleine, et ce jusque dans les années 1980, s’est reconverti en une petite station balnéaire à l’ambiance sympathique. Les piscines naturelles, blotties entre les rochers de basaltes aux formes acérées sont alimentées directement par l’Océan.

La plus spectaculaire des deux piscines naturelles est évidemment celle qui présente le caractère le plus sauvage avec uniquement quelques petits aménagements. Son accès est gratuit mais il faut être bien vigilant lors de la baignade pour ne pas se retrouver avec une entaille aux pieds. La deuxième, payante, est quant à elle bien plus aménagée et plus adaptée au public familial. Quoi qu’il en soit, faire trempette au milieu de ces rochers une expérience assez unique dans ce paysage de carte postale. 

Le Miradouro de Santa offre là aussi une vue panoramique de choix sur la baie et ces étranges piscines baignées par l’Océan.

Cristo Rei

Une dernière balade avant notre vol retour nous amène au Cristo Rei, le Corcovado de Madère, situé à quelques encablures de Funchal. L’imposante statue du Christ accueille ainsi à bras ouverts tous les voyageurs arrivant à Madère par la mer. Nous étions obligés de venir lui rendre hommage et le remercier pour ce voyage exceptionnel. Une fois de plus, la beauté des paysages est saisissante, les points de vue sont splendides. 

Je savais, avant de m’aventurer à Madère, que l’île était pleine de charmes. Mais là, je dois dire que nous en avons pris plein les yeux pendant tout le voyage ! On a vraiment l’impression d’être sur un autre continent au beau milieu des tropiques.

L’avantage avec Madère, c’est que les paysages de l’île sont très variés, les routes en excellent état et qu’il est tout à fait possible de se rendre d’un bout à l’autre de l’île en une journée. Je suis d’ailleurs vraiment impressionné par les réseaux routiers et autres levadas qui sont de véritables prouesses techniques au vu du relief accidenté de Madère ! Je me suis aussi souvent imaginé la vie à l’époque de la colonisation de cette île sauvage au XVIème siècle. Quelle aventure ça devait être dans ce décor spectaculaire !

Madère, le jardin sauvage de l’Atlantique nous a dévoilé quelques unes de ses facettes mais elle recèle encore bien des secrets, et une semaine ne nous suffira pas à les découvrir… Quoi qu’il en soit, nous y reviendrons avec plaisir si l’occasion se présente à nouveau.

 

Sicile et îles éoliennes : d’un Volcan à l’autre…

L’Italie en un seul article, ce serait juste dommage ! Je dois l’avouer, j’y suis allé souvent et je continuerai à parcourir ce beau pays, tant je l’aime. Après avoir pas mal bourlingué, c’est simplement mon pays européen préféré. Une gastronomie incroyable ; des sites naturels, culturels et archéologiques grandioses ; un climat agréable ; la méditerranée et les Alpes ; du bon vin ; la classe italienne (et les italiennes tout court !) ; le sens de la famille ; la Dolce Vita… Bref, je ne m’en lasse pas.

Avant toute chose, la Sicile a beaucoup fait travaillé mon imaginaire d’adolescent. Je me souviens d’une série italienne estivale dont le nom m’échappe, qui narrait l’histoire de la Cosa Nostra sur l’île et le combat d’un petit garçon contre la mafia qui lui avait tout pris. L’ambiance mystérieuse, la guimbarde et les paysages m’avaient fascinés ! Puis, plus tard, l’album solo « Métèque et Mat«  prodigieusement réalisé par le rappeur Akhenaton m’avait conquis. Les références à la Sicile y sont omniprésentes :

Pendant quelques mois, je me coiffais les cheveux gominés en arrière et vouais une certaine admiration pour la mafia comme pas mal d’ados de ma génération ; ce qui, il faut le dire, avait quand même un peu inquiété ma mère. Heureusement, cette période n’a pas duré et je ne suis pas tombé dans le côté obscur de la force…

La Sicile, c’est la plus grande île méditerranéenne, coincée entre la Tunisie et l’Italie continentale, elle forme un triangle entre Trapani, Messine et Syracuse, symbolisé sur son drapeau par la gorgone à trois jambes. Depuis toujours, elle occupe une position stratégique au centre de la Mer Méditerranée, ce qui explique son extraordinaire richesse culturelle. Aux influences phéniciennes, grecques, carthaginoises, romaines, vandales, ostrogothes, byzantines, arabes, normandes,… la Sicile intégrera finalement le Royaume d’Italie au XIXème siècle. Elle constitue en quelques sortes un trait d’union culturel entre l’Europe et l’Afrique encore largement palpable de nos jours.

La Sicile, c’est aussi une terre éruptive de premier plan. Elle abrite trois des volcans les plus actifs d’Europe : le monumental Volcan Etna, le très odorant volcan Vulcano et l’impressionnant volcan Stromboli !

Dans cet article, je vous propose un mix entre deux récents séjours effectués en Sicile et sur les îles éoliennes espacés de seulement un an. Nous parcourrons la côte Nord de la Sicile de Trapani jusqu’au Volcan Etna à Catane, avant de nous embarquer sur trois des paradisiaques îles éoliennes : Lipari, Panarea et la mythique île de Stromboli !

Carte Sicile

Avanti !

Trapani

Arrivé par l’aéroport de Trapani à l’extrême Ouest de l’île, on décide de faire un petit saut dans la ville portuaire pour nous immerger dans la vie sicilienne. Si la ville n’est pas d’un incontournable de l’île, sa grand’rue, ses ruelles étroites et petites églises revêtent un certain charme. Petit arrêt sur le port pour déguster quelques produits frais de la pêche du jour face à la mer. La vue de la Tour de Ligny vaut le détour. Elle marque la jonction des Mers Tyrrhénienne et Méditerranée.

Erice

A quelques encablures de là, nous prenons un peu de hauteur et rejoignons la coquette cité d’Erice établie à 750 mètres d’altitude qui domine fièrement la baie en forme de faux-scie de Trapani. Le Mont Eryx est un lieu sacré depuis l’occupation des premiers autochtones. Le village, très minéral, est de toute beauté, on aime à se perdre dans ses petites ruelles pavées. L’empreinte Normande est ici une évidence avec l’imprenable Château de Venere, construit sur un ancien Temple Romain dédié à la Vénus Erycine.

Réserve du Zingaro

Après cette mise en bouche bien sympathique, on rejoint les portes de la Réserve du Zingaro, première réserve naturelle créée en Sicile. La réserve abrite de nombreuses espèces végétales, dont certaines sont rares et endémiques, comme le palmier nain. Mais, le vrai régal c’est bien une petite randonnée le long des sentiers qui surplombent la Mer Tyrrhénienne d’un bleu azur. Les petites criques aux eaux turquoises sont juste paradisiaques…

Monreale

On ne s’arrêtera pas à Palerme, mais choisirons plutôt de faire un arrêt express à Monreale à quelques kilomètres de là, pour découvrir l’incroyable Cathédrale Santa-Maria Nuova, célèbre pour son cloître et ses mosaïques byzantines. Nous arrivons en pleine célébration d’un mariage, mais parvenons à nous frayer un chemin à l’intérieur. Les décorations nous éblouissent les yeux : dorures, mosaïques, fresques… C’est l’opulence. La Cathédrale construite par les Normands au XIIème siècle est de style arabo-normand-byzantin, synthèse des trois différentes cultures présentes à cette époque.

Cefalù

Arrivés en toute fin d’après-midi à Cefalù, à 70 kilomètres à l’Est de Palerme, nous déambulons dans ses rues étroites. Bâti aux pieds de la Rocca, une falaise monumentale, l’ancien village de pêcheurs est aujourd’hui devenu une station balnéaire réputée, aux nombreux bars et restaurants typiques. Elle recèle également une superbe Cathédrale au style normand affirmé. Bâtie en pierres jaunes, elle capture toute la lumière offerte par le coucher du soleil. Dorures et mosaïques sont à nouveau au rendez-vous à l’intérieur pour le plus grand plaisir des yeux. Après cette visite, un bon repas sur le ponton d’un restaurant en bord de mer s’impose. Moment magique !

Etna

Direction Catane à l’Est de l’île pour partir à l’ascension du célèbre Volcan Etna. Visible à plusieurs dizaines de kilomètres à la ronde, l’imposante montagne conique culmine à plus 3 300 mètres d’altitude ! Il est ainsi le plus haut volcan d’Europe mais également l’un des plus actifs du Monde avec plus de 80 éruptions au XXème siècle !

L’Etna, j’en ai entendu parlé petit par mon père qui me présentait des morceaux de lave et de soufre de sa collection de pierres. Il avait en effet récupéré quelques fragments lors d’un passage sur l’île et me les montrait avec enthousiasme. Plus tard, j’étudierai la géologie et apprendrai qu’il fait partie des volcans dits effusifs, qu’on appelle aussi volcans rouges car il émet des longues coulées de lave rouge.

Nous rejoignons donc un petit groupe dans une camionnette qui nous amène aux télécabines. Le trajet d’une heure me paraît interminable, on voit qu’au fur et à mesure de l’ascension, la végétation change passant de vergers de citronniers et d’orangers au pied de la montagne, à une forêt et des buissons de genêts à partir de 800 mètres, puis à une étendue minérale désolée de lave sombre.

Nous prenons donc les télécabines qui nous porterons de 1 800 mètres à 2 500 mètres d’altitude. Puis, un bus qu’on dirait équipé pour rouler sur la Lune, nous mène encore plus haut. De là, nous pourrons jouer aux géologues et volcanologues en herbe en foulant les arrêtes d’anciens cratères. C’est ultra impressionnant mais il fait froid ! Et oui, le vent souffle fort et les températures sont bien plus fraîches qu’en bas ! Il doit faire 5 degrés à peine ! La vue sur la baie de Catane est saisissante. Nous sommes tellement haut et loin, qu’on distingue à peine la côte. Sensations garanties !

La Sicile est évidemment associée à l’Etna, mais elle comporte d’autres volcans, dont le non moins célèbre Stromboli. Cap sur les îles Éoliennes !

Lipari

Les îles Éoliennes, tout un symbole ! Petit chapelet d’îles volcaniques perdu au large de la pointe Nord-Est de la Sicile, elles seraient les filles d’Éole, Dieu du Vent et appartiendraient à un continent disparu dont elles seraient les seules rescapées.

L’archipel est composé de sept îles : Lipari, Salina, Vulcano, Panaréa, Stromboli, Anacudi et Filicudi. Peu peuplées, seulement trois d’entre elles autorisent la circulation automobile, ce qui ne gâche rien au charme de ce petit coin de paradis.

Au départ de Milazzo, nous embarquons sur le ferry rapide en partance pour Lipari, première étape de notre périple éoliens. Après une traversée mouvementée et difficile pour la moitié des passagers, nous arrivons enfin ! La météo qui semblait incertaine sera finalement au beau fixe. Lipari est la plus grande et la plus peuplée des îles avec ses quelques 10 000 âmes. Son accueillant centre ville et sa fière Citadelle s’offrent à nous. Dominant les deux ports de la ville, elle offre des points de vue imprenables.

On décide ensuite de louer une Méhari pour partir sur la route panoramique de l’île. De multiples arrêts improvisés s’imposent, les points de vue se succèdent, le spectacle est grandiose. On aperçoit les îles voisines : Vulcano et ses fumerolles soufrées, et plus loin le mythique Stromboli et sa forme conique parfaite jaillissant de la mer, coiffé d’un petit nuage.