Un Liban, des Libans
Le Liban, une autre destination que j’avais hâte de découvrir. Il évoque pour moi un pays particulièrement métissé du Moyen-Orient, riche d’une diaspora puissante répartie un peu partout dans le Monde (France, Etats-Unis, Afrique de l’Ouest…) et dont tout le monde connait la cuisine et ses succulents mezzés (taboulé au persil, houmous, kebbé -viande haché et boulgour-, fallafel, caviar d’aubergine…) qui régalent les papilles.
Le Liban est principalement montagneux, coincé entre la Syrie au Nord et à l’Est, Palestine/Israël au Sud et ouvert sur la Mer Méditerranée à l’Ouest. Beyrouth en est la capitale. On y parle l’arabe et le français, souvenir de l’administration française du début du 20ème siècle.
Le nom du pays renvoie au blanc « lubnan » en référence au manteau neigeux qui recouvre ses montagnes en hiver, paysage particulièrement singulier dans cette région aride et déficitaire en eau que constitue le Proche-Orient.
Mère-patrie des Phéniciens, le Liban a été marqué par de nombreuses empruntes : Perses, Assyriens, Grecs, Romains, Arméniens, Arabes, Seldjouk, Mamelouks, Croisés, Ottomans et plus récemment Français. Cela se ressent dans le patrimoine culturel extraordinaire, dense et omniprésent dans le pays.
On parle aussi parfois du Liban comme de la Suisse du Proche-Orient, pour son économie ouverte, son secret bancaire, ses montagnes et son mutliculturalisme.
On l’associe aussi rapidement au Cèdre, le symbole national. Mais également à une guerre civile longue et compliquée qui a sévi pendant plus de 15 ans jusqu’au début des années 90. Le Liban c’est aussi une multitude de confessions : 18 officiellement avec notamment les sunnites, chiites, maronites, druzes, alaouites…
Petit Pays mais grand rayonnement et forte identité !
C’est parti pour près de 5 jours à la découverte du Pays des Cèdres de Dieu après avoir minutieusement préparé le programme avec mon ami Wael, Libanais vivant en France depuis de nombreuses années, épicurien, très ouvert et amoureux de son pays d’origine ! Grand merci à lui et toute sa famille sans qui cette expérience n’aurait pas eu la même saveur au sens propre comme au figuré !
Ahlan wa sahlan habibi !
Beyrouth et les Raouchés
Premier contact avec le sol libanais à l’aéroport de Beyrouth où nos amis nous attendent. En route vers l’appartement familial où nous serons accueillis comme des rois ! Mais ça se mérite, d’abord il faut affronter la terrible circulation beyrouthine. Heureusement, la douce musique libanaise berce nos oreilles et apaise nos esprits. Les check-points sont impressionnants et nous rappellent le quotidien mouvementé d’un pays à l’équilibre fragile.
Quel accueil chez les Haidar ! Quel buffet gargantuesque, et le goût est au rendez-vous. Nous passerons une soirée qu’on oubliera pas de sitôt. Une fois les fameux mezzés dégustés, on boira le café à la cardamome et les pâtisseries orientales avant de nous essayer à la chicha ! Rien à voir avec celle que j’ai en France !
Le séjour débute en fanfare avec une petite découverte des fameux Raouchés – qu’on appelle aussi grotte aux pigeons – by night. C’est un des sites les plus touristiques de la ville, deux rochers calcaire sculptés qui se dressent fièrement face à la mer, véritables symboles de la ville. Selfie obligatoire pour les touristes ! On aura d’ailleurs l’occasion d’y voir le coucher de soleil le lendemain puis un petit tour en bateau avec les jeunes pêcheurs qui propose des petits tours pour arrondir leurs fins de mois.
La circulation est toujours difficile. On fera une petite pause sur la corniche et ses grattes-ciels qui bordent le front de mer. La ville a beaucoup souffert de la guerre civile et de nombreux bâtiments recèlent encore les stigmates des conflits passés.
Le centre ancien de la ville présente une concentration de lieux de culte en tout genre impressionnant. Les églises et clochers y sont disposées les unes à côtés des autres. Au milieu de tous ces lieux saints, on peut également observer des fondations gigantesques en pierre de taille. La somptueuse Mosquée Al Amine, également appelée mosquée bleue mérite une visite. Si le lumineux extérieur attire le regard, l’intérieur n’est pas en reste avec de magnifiques fresques aux couleurs chaudes. Le lieu est vraiment propice au recueillement.
Jounieh et Notre Dame du Liban
Petite excursion au Nord de Beyrouth en direction de la ville côtière de Jounieh. Nous rejoindrons ensuite Harissa, village situé au sommet de la montagne dominant la baie à 650 mètres de haut.
Mais là aussi, ça se mérite, la circulation parait pire que sur le périphérique parisien. Heureusement, le panorama est splendide mais un peu gâché par un brouillard persistant, formé par l’évaporation de la mer. Les croyants viennent rendre hommage à la Vierge Marie, protectrice du Liban. Le sanctuaire a été édifié par l’Eglise Maronite au début des années 1900, et constitue aujourd’hui un lieu de visite de choix.
La montée avec le téléphérique doit constituer une expérience sympa également !
Jeita et les grottes monumentales
A quelques kilomètres de là, on ira explorer les grottes de Jeïta.
La grotte inférieure a été habitée à l’époque préhistorique et a été redécouverte en 1836 par le révérend Thomson lors d’une partie de chasse. Elle est en partie inondée et peut être visitée en bateau.
La partie supérieure de la grotte a été découverte en 1958 par des spéléologues libanais. Située à 60 mètres au-dessus de la grotte inférieure, elle a été percée d’un tunnel d’accès et équipée d’une série de passerelles pour permettre aux touristes de faire des visites sûres sans perturber le paysage naturel. La caverne supérieure, qui abrite la plus grande stalactite, est composée d’une série de chambres. La plus grande d’entre elles a une hauteur maximale de 120 mètres.
Les grottes ont été choisies pour faire partie des sept merveilles naturelles du monde et a été élue 1ère merveille de la nature.
Seul bémol de taille, l’utilisation d’appareil photo ou vidéo est strictement interdit et très surveillé… Grosse frustration. Ces photos ne sont donc malheureusement pas de moi.

Le Gouffre des Trois Ponts
Situé à Tannourine, à une petite heure de la côte et de Byblos, le Gouffre des Trois Pont est l’un des sites naturels les plus spectaculaire qu’il m’ait été donné de voir !
Aussi appelé Gouffre de Baatara, le gouffre a été découvert en 1952 par le spéléologue français Henri Coiffait.
Il s’agit en fait d’une véritable particularité géologique : un gouffre de 250 m de profondeur sur 260 m de large, creusé dans le calcaire. Il possède deux formations en forme de ponts, l’une au tiers de la profondeur depuis la surface, l’autre aux deux-tiers. Depuis la rive opposée du gouffre, ces deux formations donnent l’impression, avec la partie supérieure, de constituer trois ponts.
Lors de la fonte des neiges, une cascade de 90 m de haut s’y forme.
Bcharré et la Vallée de la Qadisha
Egalement au départ de Byblos, une incursion dans la vallée de la Qadisha, littéralement vallée sainte en syriaque, nous fait déjà rêver. La petite ville de Bcharré dans la partie supérieurs de la vallée constitue le berceau du célèbre écrivain Khalil Gibran, auteur notamment du « Prophète ». Le canyon sculpté par le fleuve Qadisha, nous offre un spectacle grandiose.
Le caractère escarpé de ce territoire a permis aux communautés maronites de se réfugier à l’époque de la domination ottomane.
Le clou du spectacle sera la balade dans la forêt sacrée des Cèdres de Dieu, dans un décor enchanteur. On profitera d’un somptueux coucher de soleil entre les arbres millénaires aux senteurs si particulières. Cette magnifique forêt représente un des derniers vestiges de l’ancienne forêt de cèdres du Liban qui recouvrait l’étage végétal supérieur du Mont-Liban.
Cette vallée sainte est inscrite depuis 1998 au Patrimoine Mondial de l’UNESCO, au même titre que la Forêt des Cèdres de Dieu. Notre visite a été brève et les meilleurs points de vue n’ont pas été exploités et on a vraiment envie de passer davantage de temps ici. Ce sera pour une autre fois car le festival international des cèdres a lieu au même moment et la vallée est du coup très fréquentée ! Ce n’est que partie remise.
Et voilà notre petite incursion au Pays des Cèdres qui touche à sa fin. On a été frappé par la concentration impressionnante de sites culturels dans un pays qui est pourtant si petit, pas plus grand que l’Alsace.
Je suis impressionné par le potentiel de ce pays aux influences plurielles. Vraiment un coup de cœur et tant de choses encore à découvrir. Nous ne sommes pas allés dans le Sud et n’avons pas poussé jusqu’à Tripoli. En tout cas, nous en avons eu pleins les yeux et les papilles également.
Spécial remerciements à mes amis Ahmed, Wael et Hussein ainsi qu’à tous les Haidar à qui je dédie ce petit post 🙂