L’Italie en un seul article, ce serait juste dommage ! Je dois l’avouer, j’y suis allé souvent et je continuerai à parcourir ce beau pays, tant je l’aime. Après avoir pas mal bourlingué, c’est simplement mon pays européen préféré. Une gastronomie incroyable ; des sites naturels, culturels et archéologiques grandioses ; un climat agréable ; la méditerranée et les Alpes ; du bon vin ; la classe italienne (et les italiennes tout court !) ; le sens de la famille ; la Dolce Vita… Bref, je ne m’en lasse pas.
Avant toute chose, la Sicile a beaucoup fait travaillé mon imaginaire d’adolescent. Je me souviens d’une série italienne estivale dont le nom m’échappe, qui narrait l’histoire de la Cosa Nostra sur l’île et le combat d’un petit garçon contre la mafia qui lui avait tout pris. L’ambiance mystérieuse, la guimbarde et les paysages m’avaient fascinés ! Puis, plus tard, l’album solo « Métèque et Mat« prodigieusement réalisé par le rappeur Akhenaton m’avait conquis. Les références à la Sicile y sont omniprésentes :
Pendant quelques mois, je me coiffais les cheveux gominés en arrière et vouais une certaine admiration pour la mafia comme pas mal d’ados de ma génération ; ce qui, il faut le dire, avait quand même un peu inquiété ma mère. Heureusement, cette période n’a pas duré et je ne suis pas tombé dans le côté obscur de la force…
La Sicile, c’est la plus grande île méditerranéenne, coincée entre la Tunisie et l’Italie continentale, elle forme un triangle entre Trapani, Messine et Syracuse, symbolisé sur son drapeau par la gorgone à trois jambes. Depuis toujours, elle occupe une position stratégique au centre de la Mer Méditerranée, ce qui explique son extraordinaire richesse culturelle. Aux influences phéniciennes, grecques, carthaginoises, romaines, vandales, ostrogothes, byzantines, arabes, normandes,… la Sicile intégrera finalement le Royaume d’Italie au XIXème siècle. Elle constitue en quelques sortes un trait d’union culturel entre l’Europe et l’Afrique encore largement palpable de nos jours.
La Sicile, c’est aussi une terre éruptive de premier plan. Elle abrite trois des volcans les plus actifs d’Europe : le monumental Volcan Etna, le très odorant volcan Vulcano et l’impressionnant volcan Stromboli !
Dans cet article, je vous propose un mix entre deux récents séjours effectués en Sicile et sur les îles éoliennes espacés de seulement un an. Nous parcourrons la côte Nord de la Sicile de Trapani jusqu’au Volcan Etna à Catane, avant de nous embarquer sur trois des paradisiaques îles éoliennes : Lipari, Panarea et la mythique île de Stromboli !
Avanti !
Trapani
Arrivé par l’aéroport de Trapani à l’extrême Ouest de l’île, on décide de faire un petit saut dans la ville portuaire pour nous immerger dans la vie sicilienne. Si la ville n’est pas d’un incontournable de l’île, sa grand’rue, ses ruelles étroites et petites églises revêtent un certain charme. Petit arrêt sur le port pour déguster quelques produits frais de la pêche du jour face à la mer. La vue de la Tour de Ligny vaut le détour. Elle marque la jonction des Mers Tyrrhénienne et Méditerranée.
Erice
A quelques encablures de là, nous prenons un peu de hauteur et rejoignons la coquette cité d’Erice établie à 750 mètres d’altitude qui domine fièrement la baie en forme de faux-scie de Trapani. Le Mont Eryx est un lieu sacré depuis l’occupation des premiers autochtones. Le village, très minéral, est de toute beauté, on aime à se perdre dans ses petites ruelles pavées. L’empreinte Normande est ici une évidence avec l’imprenable Château de Venere, construit sur un ancien Temple Romain dédié à la Vénus Erycine.
Réserve du Zingaro
Après cette mise en bouche bien sympathique, on rejoint les portes de la Réserve du Zingaro, première réserve naturelle créée en Sicile. La réserve abrite de nombreuses espèces végétales, dont certaines sont rares et endémiques, comme le palmier nain. Mais, le vrai régal c’est bien une petite randonnée le long des sentiers qui surplombent la Mer Tyrrhénienne d’un bleu azur. Les petites criques aux eaux turquoises sont juste paradisiaques…
Monreale
On ne s’arrêtera pas à Palerme, mais choisirons plutôt de faire un arrêt express à Monreale à quelques kilomètres de là, pour découvrir l’incroyable Cathédrale Santa-Maria Nuova, célèbre pour son cloître et ses mosaïques byzantines. Nous arrivons en pleine célébration d’un mariage, mais parvenons à nous frayer un chemin à l’intérieur. Les décorations nous éblouissent les yeux : dorures, mosaïques, fresques… C’est l’opulence. La Cathédrale construite par les Normands au XIIème siècle est de style arabo-normand-byzantin, synthèse des trois différentes cultures présentes à cette époque.
Cefalù
Arrivés en toute fin d’après-midi à Cefalù, à 70 kilomètres à l’Est de Palerme, nous déambulons dans ses rues étroites. Bâti aux pieds de la Rocca, une falaise monumentale, l’ancien village de pêcheurs est aujourd’hui devenu une station balnéaire réputée, aux nombreux bars et restaurants typiques. Elle recèle également une superbe Cathédrale au style normand affirmé. Bâtie en pierres jaunes, elle capture toute la lumière offerte par le coucher du soleil. Dorures et mosaïques sont à nouveau au rendez-vous à l’intérieur pour le plus grand plaisir des yeux. Après cette visite, un bon repas sur le ponton d’un restaurant en bord de mer s’impose. Moment magique !
Etna
Direction Catane à l’Est de l’île pour partir à l’ascension du célèbre Volcan Etna. Visible à plusieurs dizaines de kilomètres à la ronde, l’imposante montagne conique culmine à plus 3 300 mètres d’altitude ! Il est ainsi le plus haut volcan d’Europe mais également l’un des plus actifs du Monde avec plus de 80 éruptions au XXème siècle !
L’Etna, j’en ai entendu parlé petit par mon père qui me présentait des morceaux de lave et de soufre de sa collection de pierres. Il avait en effet récupéré quelques fragments lors d’un passage sur l’île et me les montrait avec enthousiasme. Plus tard, j’étudierai la géologie et apprendrai qu’il fait partie des volcans dits effusifs, qu’on appelle aussi volcans rouges car il émet des longues coulées de lave rouge.
Nous rejoignons donc un petit groupe dans une camionnette qui nous amène aux télécabines. Le trajet d’une heure me paraît interminable, on voit qu’au fur et à mesure de l’ascension, la végétation change passant de vergers de citronniers et d’orangers au pied de la montagne, à une forêt et des buissons de genêts à partir de 800 mètres, puis à une étendue minérale désolée de lave sombre.
Nous prenons donc les télécabines qui nous porterons de 1 800 mètres à 2 500 mètres d’altitude. Puis, un bus qu’on dirait équipé pour rouler sur la Lune, nous mène encore plus haut. De là, nous pourrons jouer aux géologues et volcanologues en herbe en foulant les arrêtes d’anciens cratères. C’est ultra impressionnant mais il fait froid ! Et oui, le vent souffle fort et les températures sont bien plus fraîches qu’en bas ! Il doit faire 5 degrés à peine ! La vue sur la baie de Catane est saisissante. Nous sommes tellement haut et loin, qu’on distingue à peine la côte. Sensations garanties !
La Sicile est évidemment associée à l’Etna, mais elle comporte d’autres volcans, dont le non moins célèbre Stromboli. Cap sur les îles Éoliennes !
Lipari
Les îles Éoliennes, tout un symbole ! Petit chapelet d’îles volcaniques perdu au large de la pointe Nord-Est de la Sicile, elles seraient les filles d’Éole, Dieu du Vent et appartiendraient à un continent disparu dont elles seraient les seules rescapées.
L’archipel est composé de sept îles : Lipari, Salina, Vulcano, Panaréa, Stromboli, Anacudi et Filicudi. Peu peuplées, seulement trois d’entre elles autorisent la circulation automobile, ce qui ne gâche rien au charme de ce petit coin de paradis.
Au départ de Milazzo, nous embarquons sur le ferry rapide en partance pour Lipari, première étape de notre périple éoliens. Après une traversée mouvementée et difficile pour la moitié des passagers, nous arrivons enfin ! La météo qui semblait incertaine sera finalement au beau fixe. Lipari est la plus grande et la plus peuplée des îles avec ses quelques 10 000 âmes. Son accueillant centre ville et sa fière Citadelle s’offrent à nous. Dominant les deux ports de la ville, elle offre des points de vue imprenables.
On décide ensuite de louer une Méhari pour partir sur la route panoramique de l’île. De multiples arrêts improvisés s’imposent, les points de vue se succèdent, le spectacle est grandiose. On aperçoit les îles voisines : Vulcano et ses fumerolles soufrées, et plus loin le mythique Stromboli et sa forme conique parfaite jaillissant de la mer, coiffé d’un petit nuage.
Panarea
On embarque pour notre prochaine destination, ce sera Panarea, l’île éolienne aux airs grecs. En effet, les maisons typiques blanches à grandes terrasses s’entremêlent les unes aux autres. On se croirait un peu dans les Cyclades. L’île revêt un charme fou. Elle constitue le lieu de villégiature privilégié de nombreuses stars en toute discrétion. Beyonce y aurait une demeure prestigieuse avec piste d’atterrissage pour hélicoptère. On pense même l’avoir découverte lors de notre petite exploration.
Attention, ici les prix sont plus élevés qu’ailleurs et on se fera un excellent poisson local mais l’addition sera particulièrement salée… C’est le jeu. Parfois on se fait avoir ! Les vues sur le Stromboli sont encore plus belles, on s’en rapproche !
Avant de quitter l’île, on longera un petit chemin de randonnée pour rejoindre la plage de Zimmari et les vestiges d’un ancien village préhistorique bâti sur un promontoire rocheux faisant face à la mer. C’est encore une fois de toute beauté !
Stromboli
Dernière étape de ce séjour sicilien et non des moindres, le Stromboli s’offre à nous après une nouvelle traversée en ferry. Arrivés au port, les représentants des agences de tourisme s’affairent déjà à nous proposer leurs excursions, avec parfois un peu d’agressivité il faut le dire. On préférera voir tout cela plus tard. On rejoint d’abord notre splendide hôtel Il Gabbiano, avant de déguster quelques linguinis aux palourdes accompagnées de vin blanc sicilien sur une terrasse en hauteur avec vue panoramique sur le bleu azur de la mer. La Dolce Vita !
Le Stromboli est un volcan explosif, on l’entend dégazer quasiment toute les heures, ce qui est vraiment impressionnant il faut le dire ! Il est parfaitement conique et circulaire, d’où son nom grec antique Strongyle – littéralement la ronde. Haut de 926 mètres, la partie immergée prend naissance à quasiment 2 000 mètres sous la mer. Il est en éruption quasi permanente et son surnom de « Phare de la Méditerranée » n’est pas volé, avec ses projections incandescentes visibles de nuit.
Les habitants de l’île le personnifient en le nommant « Iddu » – lui en sicilien. Ils vivent donc avec Lui selon ses humeurs.
Nous tenterons deux ascensions du Volcan. La première avec un groupe d’une trentaine de participants sera assez monotone et longue. En effet, contraints par le rythme du groupe et arrivés au sommet en pleine nuit avec des conditions météo défavorables, nous serons frustrés et déçus. Aucune visibilité malgré la patience de notre extraordinaire guide Pier CODA, guide de montagne expérimenté du Nord de l’Italie qui change parfois de terrain de jeu en été pour mener les touristes au sommet du Stromboli.
Nous décidons déterminés de retenter le coup le lendemain mais en optant cette fois pour une randonnée privée avec Pier. On partagera l’aventure avec Adrien venu de région parisienne, qui n’avaient pas dit son dernier mot non plus ! Le Stromboli se mérite ! La randonnée est bien plus agréable que celle de la veille. On change d’itinéraire pour longer la fameuse Sciara del Fuoco – Allée de Feu, uniquement autorisée aux petits groupes encadrés. Le spectacle est grandiose. On admire également bien davantage la partie sommitale du volcan et ses éruptions régulières : panaches de fumée gris et bruit sourd et puissant de dégazage. Quelle force ! Le vent se renforce, les nuages arrivent au loin et commencent à caresser le dôme.
Nous arrivons au refuge et les couleurs du coucher de soleil sont d’une rare beauté. On attend que les gros groupes passent à tour de rôle pour profiter pleinement du spectacle. Seuls au monde, nous nous dressons désormais pile au dessus des cheminées en fusion que nous ne voyions pas mais entendions uniquement la veille. C’est une expérience d’une rare intensité, on se dit qu’on est tout petit face à la force de la nature. On restera là une petite heure avant de redescendre à toute vitesse en utilisant la technique enseignée par Pier. Puis un bon repas dans le restaurant faisant face à l’Eglise de la Place principale clôturera notre aventure !
Quelles merveilles ! Des paysages à couper le souffle, des randonnée époustouflantes, des volcans sauvages, des églises richement décorées aux couleurs flamboyantes, une cuisine simple et de grande qualité partout et peu chère, des gens sympas, la Sicile a tenu ses promesses il n’y a pas de doute et nous n’en avons découvert qu’une petite partie !
C’est sûr, ce ne sera pas la dernière, tout comme le reste de l’Italie d’ailleurs ! Viva Italia !