J’ai déjà eu l’occasion de fouler le sol turc il y a quelques années lors d’un séjour à Istanbul qui m’avait ravi et clairement donné envie d’en voir davantage. Véritable carrefour culturel, trait d’union entre l’Europe et le Moyen-Orient, la Turquie est établie sur deux Continents : l’Europe et l’Asie.
Bordée par la Grèce et la Bulgarie à l’Ouest côté européen et par la Géorgie, l’Arménie, l’Azerbaïdjan, l’Iran, l’Irak et la Syrie à l’Est côté asiatique, elle est bordée par la Mer Noire, la Mer de Marmara, la Mer Égée et la Mer Méditerranée. Son climat est globalement de type méditerranéen. Elle présente deux principaux Massifs montagneux, la Chaîne Pontique au Nord et le Taurus au Sud. Héritière des civilisations Hittite, Grecque, Romaine, Byzantine, Seldjoukide et Ottomane, son Histoire est riche à souhait et les vestiges archéologiques omniprésents.
Un voyage en Turquie est souvent synonyme de tourisme balnéaire sur la côte turque à Antalya, Bodrum ou Izmir avec des excursions vers certains lieux emblématiques comme Pamukkale, Ephèse ou encore la Cappadoce. L’autre grand classique plus urbain est évidemment la découverte lors d’un week-end prolongé de la fourmillante Istanbul (voir article dédié à la ville aux milles mosquées ici). Mais la Turquie a encore bien plus à offrir lorsqu’on regarde vers le Nord et la Côte de la Mer Noire ou encore vers l’Est et les portes du Moyen-Orient. Et oui, la Turquie ne se limite pas à Istanbul et au kebab, bien au contraire.
Pour ce gros voyage, quoi de mieux que de partir à l’aventure avec mon ami Ahmet, dont la famille est originaire de Konya, capitale spirituelle du pays, et qui est un véritable ambassadeur de son deuxième pays. On décide alors avec Kamal, mon autre ami baroudeur de monter un programme de choc entre grands classiques et pépites moins médiatisées, d’Ouest en Est sur plus de 3 000 kilomètres. Les 10 jours de découvertes s’annoncent intenses mais incroyablement motivants !
Fethiye et la Lycie
Je rejoins l’équipe déjà en place depuis quelques jours à Antalya. Nous prenons sur le champ la route en direction de la côte lycienne et en particulier à Fethiye, qui nous a fait rêver avec ses paysages escarpés, sa célèbre plage d’Oludeniz, ses mystérieux tombeaux antiques et son époustouflante Vallée des Papillons.
Après quelques heures de route, nous arrivons enfin. Le relief est assez découpé. La saison touristique bat déjà son plein. On laisse nos affaires à l’hôtel et on part directement jouer les Indiana Jones en herbe en direction des tombeaux Lyciens. Creusés à même la roche au 4ème siècle de notre ère, ces nécropoles sont nombreuses dans la région. Les plus emblématiques dominent fièrement la ville de Fethiye.
Selon les croyances des Lyciens, après la mort, les âmes des défunts se transformaient en créatures ailées, les tombeaux étaient aménagés en hauteur pour leur permettre de gagner rapidement les cieux éternels. Le plus impressionnant est sans conteste celui construit en mémoire d’Amyntas, aux allures de temple aux colonnes ioniques. La vue sur la baie de Fethiye est splendide !
On finira notre journée par une baignade bien méritée sur la plage d’Oludeniz aux eaux cristallines. Cette plage bien que très belle ne sera pas mon coup de cœur car le moindre centimètre carré est occupé par des transats payants. Business is business…
Ile de Saint-Nicolas
Le lendemain on décide de s’offrir un peu de bon temps et surtout laisser la voiture au garage ! On en profite pour faire une excursion à la journée en bateau, un grand classique au départ de la très touristique Oludeniz !
Après une première baignade rafraichissante dans les eaux turquoises de la baie, le bateau prend le cap pour Gemiler Adasi, l’Ile de Saint-Nicolas. Cette île aurait abrité le tombeau originel du très adulé Saint-Nicolas, déplacé plus tard vers Demre (Myre) à plusieurs dizaines de kilomètres de là.
Saint-Nicolas, Saint patron des enfants et des navigateurs est encore largement célébré chaque année le 6 décembre dans de nombreux pays européens et notamment en Alsace-Lorraine pour la France où la tradition reste vivace. Sa légende est également à l’origine de l’incontournable Santa Claus (père Noël) importé aux Etats-Unis par les colons hollandais.
L’île qui comporte plusieurs ruines d’églises orthodoxes dégage une certaine atmosphère et les points de vue y sont superbes. Cette île aurait également servie d’escale aux pèlerins en route pour la Terre Sainte de Palestine.
Vallée des Papillons
On embarque à nouveau mais cette fois en direction de la majestueuse Vallée des papillons. L’arrivée dans cette paisible calanque peu accessible est impressionnante. Elle est littéralement flanquée par deux montagnes de 350 à 400 mètres de haut qui la ceinturent.
Très prisée par les babacools, la plage est moins bondée que celle d’Oludeniz. La vallée est une réserve naturelle qui doit son nom aux centaines de variétés de papillons qui y prolifèrent. Nous n’en verront cependant que quelques rares spécimens.
On part en expédition à la découverte du canyon. Rapidement notre ascension s’avère compliquée car ça s’apparente assez vite à de l’escalade. Arrivé à une petite cascade, on décide de faire demi-tour pour rejoindre notre embarcation. Le point de vue du sommet du Mont Babadag doit être époustouflant. Ce sera pour une prochaine lorsque nous aurons plus de temps et que nous serons mieux équipés !
Ephèse et la Bibliothèque de Celsius
On quitte la côte lycienne pour rejoindre l’une des plus célèbres villes antiques de Turquie : Ephèse située à 300 kilomètres de Fethiye. Découverte à la fin du 19ème siècle, Ephèse est l’une des plus splendides cités hellénistiques et romaines de Méditerranée. Nous avons hâte de nous plonger pleinement dans la Turquie antique ! On choisit de venir pour l’ouverture du site pour deux raisons : éviter la foule et la chaleur par la même occasion.
De nombreux édifices sont dans un état de conservation exceptionnel : maisons, agora, basilique, temples, statues… La majorité des vestiges datent de l’époque romaine même si la cité a été édifiée par les Grecs. A l’époque d’Auguste, Ephèse était la capitale de la Province d’Asie de l’Empire Romain et comptait pas moins de 250 000 âmes.
Le site est vaste. Plusieurs édifices et aménagements m’impressionnent ici. Tout d’abord, la voie des courètes, artère principale de la ville, pavée de marbres qui présente des alignements de colonnes mais également de nombreuses statues. Elle témoigne de l’âge d’or de la Capitale Romaine. Puis, les vestiges d’une vaste villa romaine en étage nous offre un beau témoignage de ce que pouvait être la vie au sein du quartier résidentiel de la ville. On note la présence de splendides fresques et mosaïques dans un superbe état de conservation. La foule y est d’ailleurs moins nombreuse car l’entrée est en supplément.
Enfin, le clou du spectacle est évidemment la Bibliothèque de Celsius. Edifiée au IIème siècle après J.C. par Julius Aquila à la mémoire de son père, la Bibliothèque abritait jusqu’à 12 000 rouleaux qui furent détruits un siècle plus tard lors d’un incendie. La façade monumentale atteint 8 mètres de hauteur et se développe sur deux étages. Elle est exceptionnelle. Il s’agit là d’une des plus importante bibliothèque du monde antique. Quatre statues ornent le premier étage et représentent les qualités de Celsius : sagesse, science, fortune et vertu.
Pamukkale, le château de coton…
On reprend la route en direction d’une autre grande attraction touristique de Turquie qui me fait rêver depuis si longtemps, j’ai nommé Pamukkale.
Après 200 kilomètres de route nous apercevons au loin une formation blanchâtre intrigante. Pamukkale, littéralement « château de coton » en turc se dresse devant nous. Les vasques calcaires aux eaux bleutées n’attendent que nous ou presque !
Grosse déception, le site est littéralement envahi par des milliers de visiteurs, ce qui gâche quelque peu l’ambiance sur place. Les touristes chinois sont venus en meutes et ne respectent pas du tout les consignes de circulation, piétinant allégrement les vasques pour leur photos selfies… Enfin, les vasques calcaires que j’attendaient tant, sont complètement asséchées sauf une partie artificielle où se ruent les visiteurs ! En me renseignant davantage, je découvre que la surexploitation touristique du site et l’implantation de nombreux hôtels, détruits et déplacés depuis, ont causés des dommages quasi irréversibles au site. Tristesse ! On prend notre mal en patience et la foule finit par se dissiper au bout de quelques heures, ramenant les excursionnistes vers leurs lieux de villégiature. Soyons clairs, l’effet waow n’est pas du tout au rendez-vous.
J’arrive malgré tout à réaliser quelques clichés sympas. Pamukkale est en réalité une tuffière formée par les eaux chaudes des 17 sources du site. Particulièrement calcaire, l’eau s’assèche et laisse précipiter les minéraux qui se solidifient pour former ses superbes vasques blanches. Rassurez-vous, les vasques ne sont pas toujours vides, cela dépend des précipitations et des saisons. Et pour la foule, préférez y aller en tout début ou fin de journée, ce sera sans doute une toute autre expérience !
Le site est là aussi très vaste et la majeure partie des touristes se concentre sur les bassins artificiels. La balade le long du cheminement en bois le long de la tuffière est agréable. Il mène également à l’inattendue Hiérapolis, cité antique qui jouxte le château de coton. Ici, on respire et les vestiges sont magnifiques ! Avant de partir, on se laisse séduire par le coucher de soleil qui nous réconcilie avec Pamukkale.
Tuz Golu, l’irréel lac salé !
Un périple nous attend puisque nous prenons la route en direction de la fabuleuse Cappadoce, situé à plus de 600 kilomètres à l’Est. On essaie de voir si sur le chemin, une pause sympa est envisageable. On mise le tout pour le tout en faisant une escale à Tuz Golu, « lac de sel« en turc, en faisant un détour de près de 100 kilomètres. C’est parti !
Après un succulent sac kavurma (plat traditionnel de riz et d’agneau) qui nous requinque, on sort du restaurant pour faire trempette dans le lac. D’une superficie de 1 600km2, il n’excède pas 2 mètres de profondeur. Ses eaux présentent une extrême salinité. 70% du sel consommé par la population turque est produit ici ! Le décor paraît irréel lorsque nous nous rapprochons des deux chaises posées là en plein milieu du lac ! On immortalise le moment.
Cappadoce aux allures lunaires…
Après une route harassante, on arrive enfin à Göreme en plein cœur de la Cappadoce et on pose ici trois jours nos valises. Ca fait du bien. L’arrivée au sein du Parc National nous émerveille et nous donne l’impression d’évoluer sur Mars. Les formations rocheuses sont totalement loufoques et la ville en est truffée.
La Cappadoce est une région circulaire d’une cinquantaine de kilomètres de diamètre. Elle est le fruit de l’érosion de roches tendres déposées par d’anciens volcans. Il s’agit de tufs volcaniques. Les vallées, formations rocheuses et autres cheminées des fées qui en résultent paraissent irréelles. Les paysages aux couleurs ocres sont spectaculaires !
De nombreux moines byzantins s’y sont installés entre le 8ème et le 13ème siècle et y ont établis une foultitude d’églises troglodytes aux fresques colorées. Il en subsiste plusieurs centaines dont 150 classées et préservées.
Après une bonne nuit de sommeil et un bon petit déjeuner, on laisse la voiture sur le parking et on décide de partir à pied à l’assaut de la Vallée des Epées. Il faut dire qu’ici la majorité des touristes se déplacent en véhicule motorisé et que la randonnée pédestre n’est que peu pratiquée. Et justement cette vallée, difficile d’accès et longue de plusieurs kilomètres, constitue un terrain de jeu idéal pour nos gambettes en quête de sensations fortes ! On est seuls au monde et on a l’impression de découvrir un monde perdu. On suit le lit quasiment asséché d’un petit cours d’eau et on constate que le canyon qui l’enserre est truffé de petites cavités régulières parfois décorées. Les pigeonniers s’offrent à nous.
Les habitants de cette région particulièrement aride élèvent les pigeons depuis plusieurs siècles. Il récoltent leurs fientes pour l’utiliser comme engrais, ce qui n’est presque plus le cas de nos jours. Quoi qu’il en soit, ces cavités aux formes géométriques confèrent au site une touche mystérieuse lors de cette randonnée où nous étions bien seuls.
La Cappadoce, c’est l’un des joyaux de la Turquie, et si notre première randonnée nous en a mis plein les yeux, on en veux davantage. On tente donc l’expérience d’un tour organisé en bus par une agence locale. Le guide francophone est très sympa et pleins de bonnes anecdotes. Le programme s’annonce alléchant : passage par la Vallée des Pigeonniers, visite de la cité souterraine Derinkuyu, Monastère de Selime et Vallée d’Ilhara…
On commence par un petit arrêt au-dessus de la Vallée des Pigeonniers avec une vue magistrale sur la cité perchée d’Ortahisar. Les paysages sont toujours aussi spectaculaires que la veille. Un arbre à souhaits attire notre regard. Il est orné de dizaine d’yeux de Fatma (Nazar Boncuk) en verre bleu et protège ainsi du mauvais œil les visiteurs du Parc.
Deuxième étape à Derinkuyu, cité souterraine hittite de 8 étages creusée dans le tuf. Le site est vraiment impressionnant. Claustrophobes s’abstenir. Les galeries sont souvent étroites et la hauteur des plafonds parfois basse. Petite frustration personnelle pour les prises de photos représentatives quasi impossible au vu de la faible lumière et du nombre important de visiteurs !
On poursuit notre route jusqu’au Monastère de Selime. Je n’en avais jamais entendu parler et pourtant, il est monumental ! C’est l’édifice religieux le plus imposant de Cappadoce, taillé directement dans la roche. Il sera convertit plus tard en caravansérail pour les commerçants parcourant la Route de la Soie. Le cadre est magique et on comprend aisément pourquoi il a servi de décor à la saga Star Wars avant qu’il ne soit délocalisé en Tunisie.
Dernière étape de la journée à Ilhara pour une promenade bucolique dans la Vallée du même nom. Ici la fraîcheur se fait ressentir plus qu’ailleurs grâce au cours d’eau qui s’écoule au creux du canyon. Une nouvelle journée bien remplie qui s’achève.
Beaucoup de touristes viennent tenter l’expérience unique d’un survol de la région en montgolfière. Les équipages sont légions. C’est un vrai business ici. Et chaque place se vend à prix d’or autour de 150€ en fonction de la saison. La majorité des clients lors de notre venue étaient asiatiques.
Nous n’aurons pas le privilège d’admirer la Cappadoce depuis le ciel mais ce n’est que partie remise. Au lieu de cela, depuis la plateforme panoramique naturelle qui domine Goreme, on se contente du spectacle des ballons se gonflant tranquillement avant de s’envoler au petit matin. C’est un festival de couleurs et de Chinois hahaha.
Nemrut Dagi, le mont sacré
On quitte l’Anatolie Centrale pour nous enfoncer encore plus à l’Est, loin des principaux flux touristiques. La prochaine étape sera montagneuse. On part à l’ascension du plus haut sommet de la région, le Nemrut Dagi. Ce Mont sacré situé à plus de 2 000 mètres d’altitude abrite un sanctuaire funéraire datant du 1er siècle avant J.-C.
Ce sanctuaire à ciel ouvert fut érigé sous les ordres d’Antioche 1er, Roi de Commagène, petit royaume prospère à la croisée de l’Orient et de l’Occident sur les bords de l’Euphrate. Il est consacré aux divinités perses et grecques, à son propre culte ainsi qu’à ses ancêtres d’Iran, ce qui lui confère une dimension unique.
Souvent surnommé « Huitième Merveille du Monde », le sanctuaire est composé d’un tumulus central, entouré de larges terrasses où s’élancent d’immenses statues d’Appolon, de Zeus, d’Héraclès, d’un Lion, d’un Aigle et évidemment Antioche, le principal protagoniste qui en a fait son mausolée.
Nous ne nous y sommes pas trompé, encore un site de toute beauté dégageant une ambiance sans commune mesure. La vue panoramique qu’offre Nemrut Dagi est tout simplement grandiose. Les routes de la région nous offrent des paysages d’une rare beauté et mériteraient que nous y passions bien plus de temps.
SanliUrfa, aux portes de la Syrie…
Les paysages sont de plus en plus arides et on constate sans difficulté que nous sommes désormais bien loin de l’influence occidentale. Les routes sont quasi désertes mais en excellent état. On passe de nombreux villages kurdes avant de rejoindre notre prochaine destination, la plus à l’Est, SanliUrfa (ou plus simplement Urfa), à une cinquantaine de kilomètres de la Syrie et de la tristement célèbre ville kurde de Kobané.
Cette région est avec Adana et GaziAntep (ou plus simplement Antep), une destination prisée des Turcs pour la gastronomie. Et je dois dire que si globalement nous avons bien mangé jusque là, nous nous sommes particulièrement délectés à Urfa et Antep !
Urfa est un véritable melting-pot culturel : kurdes, arabes et turcs constituent les principaux groupes ethniques. La chaleur est écrasante et les visages occidentaux quasi absents. On sent que les touristes viennent plutôt de Turquie et du Moyen-Orient. La ville est belle et bien entretenue. Ce sera mon coup de cœur du séjour et je regrette de ne pas avoir pu pousser jusqu’à Mardin encore plus à l’Est, dont j’ai entendu le plus grand bien, mais comme dans tout voyage, il faut faire des choix.
On quitte notre hôtel, idéalement situé en plein cœur du centre historique. On s’arrête pour profiter de l’ambiance et on nous sert un succulent café pistache, menengic kahvesi. Spécialité kurde, il est préparé à base de pistaches térébinthe et dégage un parfum délicat. Ce sera avec le sumak (épice violette séchée à la saveur citronnée qui agrémente les salades), l’une des denrées qui feront le voyage retour avec moi en Europe !
Nous filons vers le site emblématique de la ville : Golbasi et le bassin d’Abraham (Ibrahim). En effet, la ville, très ancienne et aussi un lieu de pèlerinage important. Abraham, de passage par Urfa, fit reproche aux habitants d’être polythéistes. Il souhaitait les convertir à la croyance d’un Dieu unique, ce qui provoqua la colère du Roi Assyrien Nimrod. Abraham fut condamné à mort et jeté du haut de la citadelle dans un brasier ardent. C’est alors qu’un miracle se produisit, les buches se transformèrent en carpes et les flammes en eau. Aujourd’hui, le parc Golbasi est une véritable oasis de fraîcheur et de verdure propice à la promenade en famille.
Konya, capitale des derviches tourneurs
Dernière étape de notre périple turc à Konya, capitale spirituelle du pays et ville d’origine d’Ahmet. Après un bref passage à Antep ou nous retrouvons un ami et passons une agréable journée toujours placée sous le signe de la gastronomie, nous arrivons tard à Konya et nous avons une petite fringale. Qu’à cela ne tienne, Ahmet, nous amène nous restaurer chez un ami pour découvrir la spécialité de la ville : le Etli Ekmek. Il s’agit d’une « pizza » à la pate fine toute en longueur garnie de viande, fromage ou épinards. On y ajoute du jus de citron de la salade fraîche et des oignons. Un pur délice !
Pas d’hôtel pour cette étape puisque nous investissons la maison familiale où nous attend déjà son cousin MehmetAli. On se sent à la maison ! La ville est immense et compte plus de 4 millions d’âmes. Nous prenons un peu de bon temps et allons nous relaxer au hammam. Après toute cette route, ca tombe à point nommé !
L’incontournable de la ville est évidemment la Mevlana. Il s’agit d’un musée dédié au poète mystique musulman du 13ème siècle, Mevlana Djalal al-Din Rumi. Fuyant son Afghanistan natale face à l’avancée des Mongols, la famille de Rumi trouva refuge à Konya, capitale d’anciens territoires romains (d’où le nom de Rumi). Fils d’un maître soufie réputé, Rumi voyage d’abord à Alep et Damas où il rencontre le célèbre poète Ibn Arabi, puis s’installe à Konya où il invite différents maîtres du soufisme.
A sa mort, tous les habitants de la ville, quelque soit leur religion, assistent à son enterrement. Rumi repose dans un sarcophage, chef d’œuvre de l’art seldjoukide. Ses partisans fondent alors l’ordre Mevlevi, plus connu sous le nom de l’Ordre des Derviches Tourneurs. Ses adeptes se perdent dans la danse et la transe, tourbillonnant parfois pendant des heures.
Le complexe présente plusieurs bâtiments remarquables dont le Tekke seldjoukide aux faïences turquoises. Il renferme de nombreux objets d’art islamiques, les tombeaux décorés de ses successeurs et le majestueux sarcophage de Mevlana.
Un final magique avant les derniers achats qui sont synonymes de notre retour en France.
Ce voyage de plus de 3 000 kilomètres au cœur de la Turquie d’Ouest en Est nous a littéralement charmé. Profondément méditerranéenne, la Turquie est également tournée vers la Mer Noire et l’Orient proposant ainsi un melting-pot culturel unique. Il me tarde d’ores et déjà d’explorer encore davantage l’Est du pays dont Mardin, capitale syriaque, Van l’Arménienne et toute la côte verdoyante de la Mer Noire. C’est sûr nous y retournerons !
Je dédie donc cet article à tous mes amis turcs et particulièrement à Ahmet, qui aura été pendant toute la durée de notre séjour, plus précieux que n’importe quel guide touristique !